Divagations nocturnes
.
Il pleut. J'entends les gouttes s'écraser sur la mousse et les feuilles de la cour de mon immeuble. J'aime la pluie la nuit, mais pas autant que dans ma chambre de petite fille. Dans ma chambre sous les toits où le lit est sous le grand vélux contre lequel tambourine la pluie. Ce bruit m'apaise toujours. Il m'endort alors que je voudrais rester éveillée pour l'écouter encore.
Le matin, on sent encore la fraîcheur, l'humidité dans l'air, cachée sur les feuilles basses des arbustes. J'aime le petit déjeuner en regardant par la fenêtre pour évaluer le temps de la journée.
Ici je ne vois pas par la fenêtre quand je prends mon petit déjeuner. Je mange devant mon ordinateur en regardant la météo sur internet. J'entends la pluie de loin mais elle ne joue pas de symphonie au dessus de ma tête. Elle ne me berce pas, ne m'emporte pas dans les bras de Morphée. Et je sais que demain au petit déjeuner elle ne sera pas partie et que ce sera un été sans soleil, un mois de juin en manteau, de la vitamine en ampoules. Quand le temps est maussade je suis maussade. Quand le temps est radieux, je suis radieuse. Ça fait donc huit mois que je suis maussade. Et trois mois que j'en veux au ciel.
J'ai envie d'une chaleur écrasante, qui apporte le déluge de l'orage le soir. Je déteste les orages dans ma chambre de petite fille, parce que le vélux est trop grand et j'ai peur. Ici j'aime voir le déluge tomber sur la cour de l'immeuble, parce que la lumière y est toujours magnifique. J'aime entendre la course des promeneurs qui se mettent à l'abri. Et le matin le ciel est de nouveau bleu et la chaleur, de nouveau là.
Je veux cette pluie là, je ne veux pas mettre mon manteau demain, je veux un grand soleil, je veux être rayonnante.
Ce n'est définitivement pas évident d'être météo-dépendante (et capricieuse avec ça)...